la pomme mordue

سیب گاززده

la pomme mordue

سیب گاززده

Marcel Proust
 
 marcel proust

L'amour

Création de l'esprit

 

 

Pour Marcel Proust, l'amour est une création de nous-même, une projection sur un autre être d'une imagination, d'un désir. La personne aimée n'est pas, ne peut pas être la personne réelle, elle est constituée presque complètement par des éléments  tirés de nous-même.

En fait, pour Proust, et pour les héros de Proust, l'amour n'existe qu'en fonction de la jalousie.

Proust ne croyait pas à l'amitié. C'était pour lui un sentiment artificiel, un trompe-l'œil de l'amour, une duperie du cœur.

 

"می مانیم توی تاریکی" داستان کوتاهی ست از میترا الیاتی که آن را به فرانسه ترجمه کرده ام و در هفتمین شماره ماهنامه ی "Revue de Téhéran" به چاپ رسیده است.نقدی کوتاه نیز بر آن نوشته ام که می توانید آن را به فارسی اینجا بخوانید و ترجمه داستان را نیز پیش رو دارید:

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous restons dans l’obscurité

 

 

Lorsqu’elle ouvre la porte, la lumière se répand sur la couverture de notre fils.

Elle entre. Elle porte toujours  la même robe pourpre et, dès que son regard tombe sur la table de chevet, elle en ferme les boutons. Elle se contente de me fixer, les yeux écarquillés.

Son nouveau mari l’appelle de l’extérieur: «mais, ou est-tu donc ?»

Elle s’assied à côté du lit, près de la table de chevet. Elle me regarde.

Le photographe avait dit : «souriez».

J’avais ri, en silence.

Elle me tourne vers le mur pour éviter peut-être de la voir. Mon regard tombe sur le tableau peint par notre fils accroché au mur. Il a peint la couleur de l’eau en gris. J’avais dit : « ça doit être bleu ».

Elle dit : «  veux-tu que je te raconte une belle histoire pour t’aider à t’endormir ? »

Son nouveau mari l’appelle de l’extérieur: «  tu ne viens pas te coucher ? »

Elle prend le livre. Je tombe par terre.

« Tu l’as cassé ! » ça, c’est notre fils qui le dit.

Elle me prend. Elle me regarde. Je ris toujours.

Elle dit : «  chut ! Ne pleure pas. Papa va se fâcher».

« Lui, c’est pas mon papa ! »

Elle se tourne, me regarde. Je suis tombé sur l’oreiller. Je ris toujours.

Elle se lève. Comme si elle s’apprêtait à partir. Je veux lui dire : «  ne t’en va pas ! »

Je ne le dis pas. Je ris toujours.

Elle regarde notre fils. Elle se penche pour lui arranger la couverture. Ses cheveux sont épars sur ses épaules. Puis, elle éteint la lumière et s’en va.

Nous restons dans l’obscurité.

 

Printemps 1999

 

Extrait de « Mademoiselle Cathy et quelques autres histoires » de Mitra Elyati.